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Le Discours de la servitude volontaire mentionné à la fin de mon précédent billet sur la Guerre des trônes1 est un texte qui remet en cause la légitimité des gouvernants. Pour La Boétie, son auteur, quelle que soit la manière dont ils se hissent au pouvoir (élections, violence, succession), nos dirigeants sont tous des « maîtres » ou des « tyrans ». Mais ajoute-t-il, c’est d’abord l’habitude que le peuple a de la servitude qui rend possible la domination des maîtres. La religion et les superstitions suivent de près pour duper les ignorants.
Dans son Discours, La Boétie écrit : « Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance ».
La Boétie démontre ainsi que, de petites acceptations en compromis et complaisances, la soumission en vient à s’imposer à soi comme un choix volontaire. Un homme ne peut, dit-il, asservir un peuple si ce peuple ne s’asservit pas d’abord lui-même par une imbrication pyramidale, où un seul en domine cinq, cinq en dominent dix, dix en dominent 100 et ainsi de suite.
L'auteur du Discours tente aussi de comprendre pour quelles raisons l’homme, contrairement aux animaux qu'il considère comme inférieurs, ne lutte pas pour recouvrer sa liberté. Tout pouvoir, explique-t-il, ne peut s'exercer durablement sans la collaboration active ou résignée d’une partie notable des membres de la société. Donc : « Soyez résolus à ne plus servir et vous serez libres » nous dit en substance La Boétie.
Malgré le discours de cet homme extra-lucide et malgré l'avertissement donné par Platon à travers le mythe de la caverne sur notre perception erronée de la réalité, l'homme s'aveugle sans cesse et persiste dans sa vision insensée de lui-même et du monde. « Sache ce que tu vaux homme et sois ton propre dieu ! » nous disait pourtant Socrate.
Mais les siècles passent sans que l'homme cherche à briser ses chaînes tant son esclavage lui paraît normal et nécessaire. Nulle velléité de révolte face à l'incohérence, l'arbitraire et le non-sens des agissements humains. Bien que notre sort n'ait rien d'enviable, nous continuons à nous en contenter. Et faisant fi des laissés pour compte de la vie, des peuples humiliés et offensés, nous faisons de l'histoire humaine un éternel recommencement.
Telles sont les réflexions que m'ont inspiré les épisodes de série télévisée la Guerre des trônes. Et la question que je me pose au final est : finirons-nous par évoluer et exister dans le respect de la vie sous toutes ses formes ou deviendrons-nous des êtres hybrides semi-humains, semi-électroniques à force de transmettre intelligence et mémoire à nos machines ? À quand la première guerre des drones ?
Bibliographie :
La Boétie : Discours de la servitude volontaire
