Extraterrestrez-moi !

Plus je vis dans notre monde, plus ce monde me semble étrange et plus je m'y sens étranger. Je ne me reconnais pas dans ses choix, et bien des choses que nous jugeons normales m'apparaissent, à la réflexion relever de l'impossible, voire de l'inimaginable. À supposer qu'il en ait un, le monde dans lequel nous vivons manque curieusement de sens, à commencer par le bon. Autant dire qu'il ne tourne pas rond.

Comment peut-on, par exemple, consacrer des milliards à détruire des vies humaines et répandre la douleur alors que ces mêmes milliards font défaut lorsqu'il s'agit d'éradiquer la faim, la misère et autres maux que s'inflige le genre humain ? Pour info, les États-Unis peuvent débloquer 40 milliards de dollars pour fournir à l'Ukraine des engins de mort alors qu'il n'est besoin que de 6 milliards pour supprimer pendant une année entière la faim dans le monde. Sauver des vies, soulager des souffrances, combattre la pauvreté coûte aux yeux de certains "un pognon de dingue".

Sommes-nous à ce point aliénés et obnubilés par l'argent pour ne pas réaliser que nous consacrons nos moyens financiers à nous auto-détruire ? L'argent toujours l'argent. Comme si la priorité accordée aux facteurs économiques n'était pas le plus sûr moyen d'anéantir l'espèce humaine. Le monde devrait bien appliquer le slogan de ma banque "les gens avant l'argent" et comprendre que toujours vouloir davantage de croissance entraîne toujours moins de ressources planétaires. Quand cesserons-nous de piller la terre, de transformer les arbres en papier toilette ou en papier fiduciaire ? Ne pourrions-nous pas plutôt recycler le premier pour fabriquer le dernier et vice-versa ?

Ou en allant plus loin dans le non-sens, à quand des arbres modifiés génétiquement pour que leurs feuilles fournissent instantanément ces deux types de papier ? Un arbre a-t-il si peu de valeur pour finir en petits bouts de papiers indispensables seulement au genre humain ?

Dans le même temps, en France, au-moins 120 services d'urgence d'hôpitaux sont confrontés à un manque de médecins, d’infirmiers, d’aide-soignants ou de lits. Dans certains, l'activité est carrément suspendue et les maternités ne sont plus en mesure d'assurer les accouchements. Preuve s'il en est que trouver de l'argent pour donner la vie est bien plus difficile que pour la détruire et semer la mort.

Tout cela a-t-il un sens ? Est-ce normal ou rationnel ? Est-ce sain ? Et est-ce donc ça qu'être humain ? Où est l'intérêt de  l'espèce humaine dans ces choix mortifères, à part celui des profiteurs et des marchands de canons ? Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, on assiste un peu partout dans le monde, et notamment en Allemagne, à une hausse exponentielle des budgets de l'armée. Chacun surenchérit à qui aura la plus grosse.

À quand un monde tout d'intelligence, où l'idée même d'ôter la vie d'autrui serait impossible parce que inimaginable ?