Les ripoublicains d'Amérique

Au vu de ce qui se passe aux États-Unis, avec la mise en accusation de Trump et l'affrontement de millionnaires dans la course à la présidence, je ne peux m'empêcher de penser que le bon peuple américain et le reste du monde sont en train de se la faire mettre sacrément profond. Même si l'on sait, comme disait si bien Churchill, que la démocratie "est la pire forme de gouvernement à l'exception de toutes les autres", on ne peut qu'être effrayé en constatant à quel point la démocratie aux États-Unis est actuellement en perte vertigineuse de valeurs.

Déjà, et ce n'est pas nouveau, toutes nos démocraties sont corrompues à la base par le financement des élections. Le plus souvent, les élus appartiennent à une élite liée à des intérêts financiers. Ainsi les postulants à la fonction suprême reçoivent des dons d'entreprises et d'institutions prêtes à arroser à tout va pour pouvoir exiger, après élection, et quel que soit le gagnant, un retour sur investissements. Les présidents et autres représentants de la nation sont donc tout bonnement à la solde du capitalisme et notamment d'entreprises criminelles comme Monsanto ou la National Rifle Association, dont l'intérêt pour l'argent est à l'égal de leur mépris pour les gens.

Tocqueville, qui a longuement décrit cette démocratie et qui la considérait comme la tendance générale et inévitable des peuples, aurait de quoi être surpris aujourd'hui. Lui pour qui la première caractéristique de la société démocratique était l'égalité des conditions, ne pourrait retrouver dans le système actuel les valeurs et les fondements de l'Amérique d'autrefois. Sous la férule de Trump, le parti républicain a épousé les vues étroites d'un leader despotique, immoral et profondément malhonnête. Par là même, ce parti perd toute dignité et le peu de crédibilité que le peuple accorde encore aux partis politiques.

En cautionnant coûte que coûte un président qui abuse de son pouvoir et qui s'est libéré du carcan de la justice et de la diplomatie,  le parti républicain s'affirme comme un parti ripoux. Un parti à la botte de Trump et complice de son profond mépris de la démocratie. À moins de sciemment s'aveugler, ils peuvent difficilement ignorer, que ce Trump qui va twittant et n'en fait qu'à sa tête, n'est qu'un être ignare, aux méthodes maffieuses et n'ayant aucune des compétences nécessaires pour gouverner.

Et pourtant, face à la mise en accusation de ce président clownesque¹ pour abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du congrès, les sénateurs républicains ont déjà décidé de l'absoudre de toute faute. Certains prétendent même, ce faisant,  rétablir la justice alors que "l'impeachment" aux États-unis est un processus politique et non pas juridique. S'il en était autrement, Trump serait inévitablement condamné pour le chantage qu'il a exercé sur le président de l'Ukraine en l'incitant à lancer une enquête anti-corruption contre son principal adversaire dans la course à la Maison Blanche

Voilà qui ne peut que grossir le rang des mécontents et déçus de la politique qui, tous les quatre ou cinq ans, confient leur sort à des candidats incompétents ou enclins aux extrêmes, en votant contre le système et les représentants de partis corrompus. Comme ce fut le cas pour Trump. Être contre les élites et le système est de nos jours le plus sûr moyen de se faire élire tant la corruption qui gangrène la classe politique est honnie par les peuples. Aucune compétence n'est même plus demandé aux futurs présidents². En accordant leur vote pour quatre ans de plus à Donald Trump, les élus républicains et le peuple américain mettront définitivement, je le crains, le chaos dans le monde.

C'est le constat que fait également  Edwy Plewen, à qui je laisse le mot de la fin : " «Si l’avenir n’est jamais écrit, comment ne pas voir que la puissance américaine met en péril le monde par son comportement d’État voyou, piétinant le droit international ?" Et d'ajouter : "La France s’honorerait à le dire haut et fort."

1.  Voir sur le même sujet mon billet le Temps des clowns

2.  Voir aussi sur des sujets proches mes billets Chantons en choeur et Démocratie indocile