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Le temps des clowns

On sait que les hommes politiques, à défaut d'être des artistes, sont des gens qui aiment se mettre en scène et se donner en spectacle. Pour autant, je ne pensais pas qu'un jour nous en arriverions à être gouvernés par des clowns. Enfin disons plutôt par de tristes paillasses car j'ai trop d'admiration pour les clowns, ces gens de la balle qui ont vocation de faire rire, quel que soit leur état d'âme, pour les assimiler à de pitoyables pitres comme Donald Trump et Boris Johnson .

Quitte à être accusé de délit de faciès, je dois dire que ces deux compères, avec leur ridicule tignasse blonde soigneusement orchestrée pour masquer une calvitie gênante, ont tout à fait la gueule de l'emploi. Il ne leur manque en fait qu'un nez rouge ou, plutôt - politique oblige - un long nez de Pinocchio.

Ces deux ténors de la jactance et de la fanfaronnade ont comme compagnons sur la scène internationale deux chefs de gouvernement  issus directement du monde du spectacle. En Italie, c'est Giuseppe Grillo qui, avant de se lancer dans la politique, était humoriste et acteur. En Ukraine, c'est le président Zelensky, qui était tout à la fois humoriste, producteur, acteur, scénariste et réalisateur.  Personnage phare d'une série télévisée humoristique intitulée Serviteur du peuple, cet homme qui n'a jamais fait de politique l'a emporté avec 73,2% des voix au second tour contre le chef d'état sortant Petro Porochenko.  C'est dire, mais Donald Reagan avait déjà ouvert la porte, que le show-biz fait son entrée en politique.

Tous ces nouveaux gouvernants ont en commun de se faire élire en surfant sur la vague du populisme et de l'antisystème. Mais dans un monde où la peur, l'avidité et l'imbécilité sont érigées en système d'existence, ne sommes-nous pas tous enclins à le devenir quelque peu ? Les meilleurs atouts de ces politiciens nouvelle tendance sont une présence et un charisme certains et un indéniable bagout. Et ça marche ! Même quand ils n'ont d'autre programme que de rejeter ce qu'a fait leur prédécesseur. Car il est clair aujourd'hui qu'aucune compétence particulière n'est nécessaire pour gouverner un pays. Machiavel, théoricien de la politique, peut bien aller se rhabiller.

J'en veux pour preuve le burlesque Donald Trump, homme ignare et inculte s'il en fut, qui, à coups d'accords bidons et de chantages financiers, érige en système de gouvernement une incompétence incontestable. Alors qu'il ne connaît strictement rien à la politique, notre idiot du village planétaire gouverne à l'instinct en remplaçant diplomates et conseillers par ses proches, voire par des avocats véreux. Je doute que les États-Unis aient jamais connu un dirigeant aussi incapable que lui. Sur le plan international, je le situerai juste après le bouffon meurtrier Amin Dada.

Tous ces gouvernants miteux s'entendent comme joyeux larrons pour se donner la réplique et transformer la politique en une foire d'empoigne et un jeu de cirque. Mais à qui la faute si ce n'est à nos politiciens de métier à qui les électeurs donnent carte blanche pour expérimenter sans cesse les mêmes vieilles recettes donnant invariablement les mêmes échecs ? Depuis le temps qu'en dépit des alternances de la droite et de la gauche, les citoyens constatent que cette caste de nantis et de privilégiés, polichinelles de la finance, ne sont redevables ni de leurs promesses, ni de leurs actions, il n'est pas curieux que les gens aient cessé de croire en la politique et soient prêts à accepter n'importe qui pourvu que ça change .

Par ces choix hasardeux et dangereux, les citoyens expriment leur ras-le-bol des hommes politiques incapables de résoudre les défis de notre temps. Un peu partout dans le monde, la suspicion se porte sur les élus, leurs nombres, leurs privilèges et, au bout du compte sur la démocratie elle-même.

Fini donc le temps où les Falstaff, les bouffons et les fous n'avaient pour seule ambition que de divertir les puissants. Aujourd'hui ce sont ces mêmes puissants qui endossent le rôle du fou. Sauf qu'ils sont si mauvais dans la peau du personnage que plus personne n'a envie de rire.

 

Le temps des clowns
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