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Rendez-moi le temps perdu à apprendre l’orthographe

Lu dans la presse qu’à partir de la rentrée 2016, une nouvelle orthographe serait appliquée. Au programme, figurerait, entre autres, la disparition de l’accent circonflexe et la perte de traits-d’union. Bon je vous l’accorde ce n’était souvent qu’une perte d’un demi point dans les dictées, mais que dire de mots comme « oignon » qui deviendrait « ognon » ou « nénuphar » qui deviendrait « nénufar » ? Là, c’étaient des points entiers que l’on perdait et quand on pense que plus de 5 fautes équivalait à un zéro pointé, j’enrage à la pensée de toutes ces dictées que j’aurais pu réussir chaque fois que j’ai adopté prématurément notre nouvelle orthographe.

Et j’enrage davantage encore quand je pense à tout ce temps perdu à apprendre à orthographier des mots dont la forme est finalement aléatoire puisque modelable d’une «reforme» à l’autre. A quoi m’a servi de parvenir à force de temps et de dictées à faire des 0 faute dans mes textes si aujourd’hui je vois le résultat de mes efforts anéanti par une orthographe réformatrice et usurpatrice de ma gloire passée ?

Je me demande bien d’ailleurs à quoi peut servir cette réforme, somme toute plutôt timorée, puisque l’orthographe ne cesse de se désagréger. Pourquoi au fond ne reviendrait-on pas au temps d’avant Richelieu et de l’Académie française quand chacun orthographiait à sa guise ? L’important n’est-il pas d’abord de se comprendre ? Or, si les jeunes peuvent le faire en s’écrivant des textos où les mots s’abrègent allègrement en mélangeant chiffres et lettres, voire même en n’utilisant qu’une seule lettre, genre « Gt o kfé é ct bi1 », je ne vois pas à quoi rime cette énième réforme de l’orthographe, alors qu’eux sont allés déjà bien plus loin dans l’audace.

Au fond, l’orthographe, c’est un peu comme la calligraphie d’autrefois. Il fut un temps où une belle écriture vous assurait à coup sûr un emploi. C’est qu’on avait le temps d’apprendre à l’école cette matière, ou d’autres considérées tout aussi importantes à l'époque, tels nos chers départements. Mais avec le temps et l’apparition de toute sortes de machines à écrire, cette matière a perdu son utilité et a disparu de programmes scolaires de plus en plus surchargés. N’en irait-il pas de même pour l’orthographe à l’heure où un traitement de texte vous propose gracieusement de corriger vos fautes ? Oui mais alors, pourrait-on me répliquer, pourquoi continue-t-on d’apprendre à compter puisqu’il existe des calculettes et autres machines à compter ou à ordonner ?

C’est vrai, mais qui vous dit que demain une petite puce greffée dans un endroit de votre cerveau ne comptera pas et « n’ortografira » pas pour vous ? Dans Voyage au pays des sons, un de mes romans encore inachevé, mon héros « dépucé » quand il dit « jF1 » formule aussi bien une demande d’aide à son système informatique (F1) que son besoin de manger. Utopie, penseront certains ? Je n’en suis pas si sûr. En attendant, rendez-moi tout le temps perdu à apprendre une orthographe qui demain ne sera plus de mise ou laissez-moi simplement écrire à ma guise. Et si je vous dis que « 20.P.O.Q.C.A.C.P.T1 » , vous penserez sûrement que là pour le coup j’en fais un peu trop et que j'exagère ! :)

 

1. 20 pets au cul, c'est assez pété

 

 

Tag(s) : #Dans les médias
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