Carte grise, version numérique

"La dématérialisation de la démarche d’obtention des cartes grises a débouché sur des bugs informatiques (qui s’éternisent) et sur la création de sociétés privées"

D’accord, vous allez me dire que mon précédent article sur ce sujet, c’est de l’histoire ancienne, puisqu’on n’a plus besoin aujourd’hui de se rendre en préfecture pour faire établir la preuve que l’on est le détenteur attitré du certificat d’un véhicule. Fini semblerait-il le parcours du combattant et les longues heures d’attente !

Génial ! Moi qui suis un habitué de toutes sortes de démarches en ligne, voilà qui n’est pas pour me déplaire. Je considère que l’informatique et l’Internet sont destinés en principe à vous simplifier la vie, notamment en vous évitant des déplacements et une perte de temps dans d’interminables files d’attente. Je dis bien “ en principe ” car la réalité hélas n’est pas forcément à la hauteur des espérances que pourrait susciter l’ordinateur, ce nouvel outil conçu pour notre cerveau et pour l’abstraction du monde.

Un journal m’avait pourtant prévenu “ que la dématérialisation de la démarche d’obtention des cartes grises a débouché sur d’éternels bugs informatiques et sur la création de sociétés privées ”, sociétés qui confirmaient elles-mêmes cet état de fait en proposant de se “ casser la tête pour vous sur Internet ” .

Mais comme je préfère me faire ma propre opinion en allant moi-même au charbon, j’ai ignoré ces mises en garde et décidé d’obtenir tout seul le certificat d’immatriculation de mon nouveau véhicule, sans avoir à payer ou à me déplacer pour ce service public gratuit. Mal m’en a pris et malgré toute ma bonne volonté et une incroyable patience, ma demande a échoué. c’est le cas de le dire, sur toute la ligne.

Pourtant j’ai bien fait les choses comme il fallait. Pour commencer, je me suis inscrit sur le site de l’ANTS, (l’Agence Nationale des Titres Sécurisés), Là, pas de problème. Le site est plutôt bien conçu et permet de trouver rapidement la démarche souhaitée. Je clique donc sur le lien “ J’achète ou je reçois un véhicule d’occasion ” , ce qui m’amène à une page nouvellement intitulée, elle “ Je souhaite changer le titulaire de mon véhicule ” . Je précise par un clic que j’accomplis la démarche “ pour moi-même ” puis j’entre le numéro d’immatriculation de mon véhicule. Jusque là tout va bien.

Mais voilà qu’on me demande si j’ai un code de cession ? Pardon ? Ne sachant pas ce que c’est et n’en trouvant nulle trace dans mes différents papiers, je réponds par la négative. Il m’est alors demandé la date et le numéro de formule du CI, numéro qui, selon l’explication donnée en note, se trouve sur le coupon détachable de mon CI. A peine ai-je entré ce numéro, que j’ai le droit à un message d’erreur, notifié en rouge, comme quoi “ des informations sont manquantes ou erronées ”. Après mille et une suppositions et autant de tâtonnements, je finis par comprendre qu’il ne faut rentrer que 11 des 13 caractères donnés comme numéro de formule sur le coupon du CI. Chose qui n’est précisée nulle part.

Bon, passé ce premier obstacle, je valide ma demande et j’attends. Ne voyant rien venir, je me fends d’un message à l’ANTS qui en retour me demande de leur adresser une pièce d’identité. Je m’exécute, ce qui a pour effet de faire disparaître toute demande de CI dans mon espace personnel !

Je réitère donc ma demande mais à chaque fois que je clique sur le bouton “ Démarrer la procédure ” un message me signale qu’une demande est déjà en cours. Or mon espace personnel est formel : il n’existe aucune demande de carte grise à mon nom. J’écris donc un nouveau courrier à l’ANTS pour leur exposer le problème et en retour, à la volée, m’est envoyée une réponse standard n’ayant peu ou prou aucun rapport avec le problème soumis. 

Puis silence radio. Alors je recommence encore et encore. J’écris jusqu’à 9 fois à l’ANTS et me vois à chaque fois opposé la même réponse standard. Je joints même en pièce jointe à deux de mes courriers un fichier pdf contenant mon dossier complet avec tous les documents ordinairement nécessaires à l’obtention du CI. Rien n’y fait. A croire que toutes ces difficultés n’existent que pour privatiser le service.

Alors que, de guerre lasse, j’allais me résoudre à passer par un professionnel, voilà que je découvre sur le site de l’ANTS un lien “ Donnez votre avis ” incitant à attribuer jusqu’à 5 étoiles à cette administration. Je saute sur l’occasion et me fendant d’une étoile, puisqu’il n’est pas possible de faire moins, j’énonce à l’ANTS tout le mal que je pense de cette administration bornée et déshumanisée.

Et là miracle ! Je reçois enfin une réponse personnalisée, même si c’est pour me demander de nouveau de fournir une pièce d’identité. Puis plus rien. Ma demande, contrairement à la première fois, reste cependant en cours dans mon espace personnel. J’écris une dixième fois pour relancer la machine et, peu après, on m’incite à contacter mon vendeur car celui-ci n’a pas entamé une procédure nécessaire. Voilà donc pourquoi votre fille est muette, euh non pardon, pourquoi ma démarche ne peut aboutir.

Une fois contacté, mon vendeur qui estime qu’il n’a pas à faire les démarches nécessaires sur Internet et que je n’ai qu’à payer comme tout le monde, m’invite à me tourner vers le professionnel qui fait établir toutes ses cartes grises. Peu lui importe tout le temps perdu par sa faute ou le fait que j’aie à me déplacer et à payer pour obtenir mon document. Après bien des échanges de messages, il consent à prendre à son compte les frais du professionnel.

En conclusion, ma démarche de demande de carte grise en ligne s’est avérée tout comme autrefois, un véritable parcours du combattant et a exigé de ma part une patience que je qualifierai presque d’admirable puisqu’il ma fallu pratiquement 2 mois pour obtenir satisfaction. Et au bout du compte, il m’aura fallu passer par une officine privée.

Il s’en est d’ailleurs fallu de peu pour que le contrôle technique du véhicule ne soit plus valable. Autre curiosité, j’ai adressé à l’administration un dossier complet de demande ne comptant pas moins de 9 documents en pièce jointe. Eh bien ça n’a pas suffi alors qu’il m’en avait fallu moins du temps où l’on devait se rendre en préfecture !!!