Arizzi, Bregançon et la démocratie

Appris dans les médias que François Arizzi, le maire de Bormes-les-Mimosas, avait vilipendé des gilets jaunes ayant tenté de s'introduire dans le fort de Brégançon, en ces termes :

« C’est du grand n’importe quoi, pour des gens qui veulent la démocratie, il faudrait déjà qu’ils commencent par respecter la propriété des autres », a pesté cet homme du fait que certains de ces « gilets jaunes » avaient traversé des domaines privés pour tenter de parvenir à leurs fins.

Pardon ? Quel rapport entre le respect de la propriété et la démocratie ? Je sais bien que la propriété fait partie des droits naturels et imprescriptibles de notre déclaration des droits de l'homme et du citoyen, mais où ce maire a-t-il été chercher que son respect était un gage de démocratie ?

Sachez M. Arizzi, qu'en Suède, existe la loi "Allemansrätten", qui stipule que la nature appartient à tous et qui permet le passage ou même un court séjour sur des propriétés privées, sans permission du propriétaire. Selon vos critères, la Suède ne serait donc pas un pays démocratique ?

Vous feriez mieux de vous demander si la propriété privée ne serait pas plutôt l'apanage d'un capitalisme qui vise à produire et à accumuler un maximum de biens ? La propriété, dans sa pire expression, n'est qu'une confiscation du bien des autres au profit d'accapareurs.

Curieux au reste que cette tendance actuelle à confondre démocratie et capitalisme. Ainsi, le physicien américain Dennis Meadows, l'un des auteurs du rapport "Limites de la croissance", déclarait il y a peu dans une interview que : "la démocratie a échoué à traiter le problème environnemental". Et d'ajouter que " notre mode de vie gourmand en biens matériels et en énergies fossiles n’est pas soutenable » .

Mais là encore, le mode de vie qu'il dénonce est bien le mode de vie capitaliste et non une conséquence de la démocratie. A preuve la Chine qui, loin d'être une démocratie, n'en a pas moins parfaitement assimilé la doctrine capitaliste et sa course aux biens matériels et à une croissance toujours plus exponantielle.

Quand on voit comment une petite poignée de profiteurs, oligarques et autres milliardaires, pille et saccage les ressources de notre planète au détriment du plus grand nombre, on est en droit de se demander si la célèbre formule de Proudhon "la propriété, c'est le vol", ne renferme pas sa part de vérité ? D'autant que Proudhon, comme il s'en est expliqué, ne condamnait pas la propriété en soi, mais l'injuste distribution de la propriété, qui est justement la marque du capitalisme et d'un manque de démocratie.

Alors, s'il vous plaît, M. Arrizi, cessez de laisser entendre que les gilets jaunes porteraient atteinte à la démocratie en ne respectant pas votre sacro-sainte propriété privée !