Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Cachez ce livre que je ne saurais dire

Il semblerait que le titre de mon livre Merde, je vis… en ait choqué certains mais aussi que l'épithète "poétique" mentionné en quatrième de couverture ait effarouché certains autres. Le livre a pourtant trouvé très vite des lecteurs puisque des cent exemplaires à dédicacer que j'avais commandés, il m'en reste moins d'une dizaine. Je m'attendais plutôt à en placer une quarantaine puis à écouler le reste sur une année, voire deux. Or, grâce au bouche à oreille, le livre est parti en moins de deux mois  et bon nombre de lecteurs et lectrices qui l'ont apprécié, l'ont offert en cadeau à leurs proches.

Pour faire connaître mon oeuvre, je n'ai eu à ma disposition que mon blog et les réseaux sociaux Facebook, Twitter et Linkedin. Bien que j'aie plus d'un millier "d'amis" sur Facebook, mon audience n'en est pas moins restreinte, puisque la plupart d'entre eux sont des joueurs anglophones qui m'ont permis d'agrandir ma famille mafieuse du temps où je jouais assidûment à Gangster battle. Je sais par expérience que mon blog n'intéresse qu'entre cent et deux cents lecteurs par mois et que très peu de mes vrais amis français suivent mes activités littéraires sur Facebook ou ailleurs. À preuve les 8 abonnés à la Lettre d'information de mon blog. Malgré tout, j'ai quand même écoulé à moi seul près de cent exemplaires de mon livre et je vais devoir en repasser commande car j'ai encore un bon potentiel de lecteurs à toucher.

Du coup je me demande combien de nouveaux exemplaires je dois commander et surtout combien j'en aurais écoulé aujourd'hui si d'aucuns qui se piquent de participer à la vie culturelle de Leucate, ma ville d'adoption depuis 12 ans, s'étaient fait l'écho de la parution de mon livre ou l'avaient proposé en lecture ?

Nous avons pourtant dans ma ville un établissement qui propose en un seul et même lieu des nourritures corporelles et spirituelles et qui organise même des activités culturelles. Mais ce restau-libraire a la particularité de ne proposer que des hors-d’œuvre... euh pardon des œuvres convenant à son goût, si bien qu'à la lecture du mot "poétique" en dos de couverture, j'ai eu le droit à une mimique dégoûtée et me suis entendu dire par la propriétaire "qu'elle n'aimait pas la poésie". Chacun ses goûts, moi c'est plutôt l'andouille que je n'aime pas.  Déclinées donc mes propositions d'un présentoir pour exposer sur son comptoir le livre d'un Leucatois, déclinées aussi les séances de dédicaces, alors que, d'après mon expérience, celles-ci génèrent toujours plusieurs ventes. La marchande de bouillons de culture m'a charitablement pris trois livres en dépôt, livres qu'elle s'est empressée d'enfouir parmi d'autres pour ne pas leur donner de visibilité. Cachez ce livre dont j'ai dégoût sans même en connaître le contenu !

Concernant la Médiathèque de Leucate, l'intérêt suscité par la parution en version papier de mon livre est à l'identique. Les premiers exemplaires me sont parvenus en avril, en pleine période de confinement, et la médiathèque de Leucate, qui organise des ateliers d'écriture auxquels je participe, affichait alors portes closes. Dès que nous sommes redevenus libres de nos mouvements, j'ai écrit à la responsable pour l'informer de la parution de mon livre et lui proposer de le lui montrer. La nouvelle a été accueillie dans la plus grande indifférence puisque plus d'un mois s'est écoulé avant que je reçoive une réponse de sa part, comme quoi il ne fallait pas lui "demander grand chose avant septembre-octobre" alors même que je n'avais fait que l'informer sans formuler aucune demande. Mon livre au contraire pouvait être un bon faire-valoir pour les ateliers d'écriture organisés par la Médiathèque. Quant à réagir à la parution de mon livre 5 ou 6 mois après sa parution, je n'en vois franchement pas l'intérêt.

En matière d'information sur la vie culturelle leucatoise il y a bien encore dans ma ville l'association Leucate culture mais je n'ai jamais eu l'occasion de contacter cette instructive institution. À la proposition faite par l'entremise d'une amie commune d'organiser une conférence sur mon livre et sa genèse, le verdict a été sans appel : Pas intéressés a déclaré au nom de tous les membres la responsable de l'association après avoir lu le texte de "l'âne" qu'elle a trouvé moins bon que celui de je ne sais quel autre écrivain sur le même animal. Merde, comme c'est bête ! Moi qui croyais que l'âne n'était qu'un prétexte et que le vrai sujet de mon texte était l'intolérance ! Du coup, je me demande si ça ne serait pas le mot "merde" ou le mot "poétique" qui ont été à l'origine de son refus de prendre mon livre en considération !

Comme on le sait, nul n'étant prophète dans son pays, j'ai décidé d'aller me faire voir ailleurs et d'élargir mon horizon. Et quoi de mieux pour informer un public plus vaste et mieux ciblé que par les instances culturelles de Leucate que de faire appel à un réseau social comme Facebook qui touche à lui seul tous les pays francophones ? Las, j'avais oublié que Facebook est une plateforme américano-puritaine pas du tout adaptée à d'autres marchés que le sien. Aussi, cette plateforme célèbre pour sa pudibonderie et sa censure d'œuvres artistiques, a rejeté mes annonces au motif que le titre de mon livre contenait — dixit le service marketing — une injure. Eh oui, ce "merdre"1 euh pardon "merde" que nous employons tous dans diverses circonstances et même pour nous souhaiter bonne chance, n'a pas eu l'heur de plaire à la plateforme qui a été jusqu'à me proposer de remplacer le mot honni par un symbole. Avouez que tous ces états d'âme loufoques en rapport avec la parution de mon livre sont quelque peu surréalistes. Pour ne pas dire ridicules et risibles. Et puisqu'une occasion de rire est trop bonne pour se perdre, eh bien Merde, je ris ! 😀

 

P.S : J'ai bien essayé de suivre le prude conseil de Facebook en remplaçant le mot "merde" par un symbole mais comme on le voit ci-dessous, difficile d'en choisir un seul sans trahir l'autre.

 

1. Allusion au mot d'ouverture de la pièce Ubu Roi d'Alfred Jarry

 

Je vis...Je vis...

Je vis...

Tag(s) : #Littérature
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :