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Du permis de conduireDu permis de conduire

En France, bien qu'il serve de pièce d'identité, un permis de conduire délivré avant 1989 est valable à vie alors qu'en Suède, le permis doit être renouvelé tous les dix ans. Le renouvellement se fait automatiquement tant que les autorités compétentes connaissent votre lieu de domicile. Ainsi, lorsque je suis retourné en Suède, après dix ans passés en France, j'ai reçu peu de temps après mon arrivée un courrier me demandant d'apposer ma signature dans le cadre spécial d'un formulaire et de fournir une photo d'identité récente. Une semaine environ après avoir répondu à la demande, je recevais mon nouveau permis de conduire. Ce service m'a été fourni sans frais et sans déplacement.

Pendant la parenthèse de dix ans où j'ai vécu en France, ma femme et moi avons dû convertir en permis de conduire français nos permis voiture et poids lourd passés en Suède. Je précise cependant que, depuis les années 70, je possédais un permis français puisque j'avais passé tous mes permis moto en France, bien avant d'émigrer en Suède.

A l'époque de la conversion des permis suédois, nous habitions, ma femme et moi, en banlieue parisienne et nous nous sommes donc rendus à la préfecture pour savoir comment procéder à la conversion de nos permis. Après une bonne heure de queue, conformément à la norme journalière, nous avons fourni les renseignements nécessaires sur nos permis et l'on nous a donné des formulaires à remplir avec une liste des justificatifs à fournir.

Une fois prêts, nous sommes retournés en préfecture, avons fait notre petite heure de queue journalière et avons remis à une fonctionnaire les papiers exigés.

— Ah mais vous avez le permis poids lourd, s'exclame l'employée de la préfecture ! En ce cas, vous devez passer une visite médicale.

 — Madame, nous sommes venus ici il y a quelques semaines justement pour savoir ce qu'il fallait faire pour valider nos permis suédois et personne ne nous a rien dit à ce moment là, ai-je fait remarquer.

- Ah  mais c'est qu'on vous a mal renseignés, me répondit-elle, sempiternelle réplique qu'on vous assène toutes les nombreuses fois qu'une information donnée par une administration est incorrecte.

Nous rentrons donc fort désappointés et passons au plus tôt la visite médicale comme il se doit. Puis nous retournons en préfecture, refaisons trois petits tours... euh non pardon une petite heure de queue et présentons de nouveau nos dossiers.

- Ah mais il n'y a pas la date d'obtention de vos permis. Il faut que vous écriviez à votre administration en Suède et que vous leur demandiez les dates.

Je lui fais remarquer que là encore cela ne nous a pas été précisé quand nous avons présenté nos permis suédois qui, eux,  ne comportent aucune date d'obtention. J'ajoute qu'à part peut-être pour louer une voiture, cette date n'a aucun intérêt et je lui propose même d'utiliser la date du jour pour simplifier les choses.

Mais ah que non, elle ne l'entend pas comme ça. Le règlement c'est le règlement et elle doit l'appliquer, dit-elle. Elle ne peut pas y déroger. Énervé à l'idée de devoir remettre encore ça et d'avoir à refaire une nouvelle heure de queue, je lui demande si, pendant la seconde guerre mondiale, elle aurait dénoncé des juifs pour être du côté de la loi. Elle s'indigne et me répond que ce n'est pas la même chose, ce à quoi je lui réplique que sur le principe si. Quand un règlement est absurde ou une loi inique, les respecter devient affaire d'intelligence et de conscience.

Là-dessus nous partons et, sur le chemin du retour, je dis à ma femme : "Tiens on va leur montrer ce que c'est qu'une administration qui est au service des administrés". Et une fois rentrés, j'envoie une télécopie à l'administration suédoise pour connaître les dates d'obtention de nos permis. Un quart d'heure après, et bien que nous ne payions plus nos impôts en Suède, les dates tombent dans le télécopieur.

Et comme il est l'heure du déjeuner, qu'il y a moins de monde à ce moment là, et que je tiens à montrer qu'une bonne administration ne fait pas attendre cent sept ans les citoyens, nous retournons immédiatement faire établir nos permis de conduire.

Mais entre temps la préposée au guichet a changé et, au lieu de la vieille bique aigrie fonctionnant "by the book", nous tombons sur une jeune femme aimable et souriante qui nous établit nos documents en un rien de temps, sans même nous demander la date d'obtention de nos permis. Rien d'étonnant puisqu'en France le service que vous recevez est souvent à la tête du client ou en fonction de l'humeur du jour des fonctionnaires.

En épilogue, sachez que j'ai reçu peu après une lettre de la préfecture me demandant de les contacter "pour affaire me concernant". J'ai donc appelé le service des permis de conduire et par chance, je suis tombé sur la même employée qui avait établi nos permis. Elle m'a dit qu'elle avait fait une erreur, qu'elle aurait dû nous demander les dates d'obtention des permis et que sa chef, qui l'avait copieusement engueulée pour ne pas l'avoir fait, voulait que nous repassions à la préfecture.

Je lui ai dit à quel point nous avions apprécié son efficacité et son amabilité et lui ai enjoint de surtout ne pas changer. J'ai ajouté qu'il n'y avait pas de problème et que nous irions faire prochainement notre petite heure de queue en préfecture.

En réalité, nous n'y sommes jamais retournés et ce sont eux en préfecture qui, pour une fois, ont passé leur temps à nous attendre...

 

 

Tag(s) : #De l'administration, #Permis de conduire
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