Près de 10 000 religions convaincues de leur vérité

18 Avril 2020

Savez-vous que — sans tenir compte des différents schismes — l’humanité s’est inventée près de 10 000 religions ? Par Jupiter, voilà de quoi perdre la tête et ne plus savoir à quel dieu se vouer ni à quelles vérités accorder sa croyance !

N’étant pas exégèse de la pensée religieuse, je ne m’intéresserai qu’aux trois religions monothéistes qui procèdent de l'épopée abrahamique : le judaïsme, le christianisme et l'islam. Ces trois religions ont un passé et une histoire communes mais divergent sur de nombreux points.

La plupart des écrits de la bible juive, la Torah, sont issus de la tradition orale. Ce sont, le plus souvent, des compilations de textes et de règles de différentes tribus hébraïques présentant plusieurs niveaux de compréhension : concret, allégorique, spirituel ou ésotérique.

Mais la multiplication des rédacteurs, l'évolution de leurs préoccupations religieuses et la rédaction étalée dans le temps de ces écrits, font que bien des faits ou des détails rapportés, diffèrent d'un livre à l'autre et présentent des anachronismes. Mieux, certains récits ne font que reprendre à des religions polythéistes des mythes bien plus anciens. C'est le cas de l'épisode du déluge, où une colombe est lâchée de l'arche de Noé à la recherche de la terre ferme. On retrouve un passage similaire dans l’épopée de Gilgamesh, un texte mésopotamien datant de 2 600 av. J-C.

Quant à l’ancien et au nouveau testament chrétiens, il faut garder à l'esprit que les textes sont des traductions de l’hébreu, de l'araméen, du grec et du latin et, comme traduire c'est bien souvent trahir, ils ont été altérés par de nombreuses erreurs, révisions, omissions, tout autant que par des interprétations relevant de croyances et d’intérêts divers. Ainsi, par exemple, la venue d’un intercesseur, “un Paraclet”, annoncée par Jésus à ses disciples dans l'Évangile de Jean, est occultée par un tour de passe-passe des moines chrétiens qui, influencés par leur croyance, interprètent le mot “paraclet” comme “l'esprit saint”.

Le Coran, lui, serait le livre de la vérité dictée en esprit au prophète Mahomet, le fameux Paraclet dont Jésus dit : “il ne parlera pas de son propre chef mais il dira ce qu’il entendra et il vous communiquera tout ce qui doit venir”. Pourtant ce livre, prétendument saint et parfait, comprend de nombreux versets équivoques, sujets à de nombreuses interprétations et comportant bon nombre de contradictions. De plus, l’absence d’ordre dans la présentation des sourates complique sa compréhension.

C’est pourtant d’après de tels textes, sélectionnés et triés sur le volet, que les religions fondent leurs rituels et leurs dogmes et imposent à leurs fidèles des croyances sclérosées dans le temps. Quel crédit alors peut-on accorder à ces écrits retransmis et interprétés de mille et une manières ?

Si on les juge à l’aune de la science, les textes saints, considérés comme incontestables, car issus de la parole divine, renferment tous autant qu'ils sont un bon nombre d’inepties: la terre par exemple fut créée, au choix selon les religions, en six jours (Torah, Genèse 2.2, Coran, 7 : 54) ou deux jours (sourate 41.9.12). Ces mêmes jours ont été créés avant la présence du soleil dans le ciel, tout comme les plantes d'ailleurs, qui poussent sans son aide et se moquent éperdument de la photosynthèse. Et pour défendre leur vision ancestrale des choses, les religions n'ont pas hésité à combattre, et même avec violence, tout point de vue divergent ¹.

Comme on le voit, ces livres, dit saints parce qu'inspirés², et qui prétendent détenir la vérité, heurtent bien souvent le sens commun et forcent l'incrédulité de qui fait preuve tant soit peu d'objectivité. À bien des égards, ils ont été et restent de nos jours un carcan pour les peuples et un frein à l’évolution. Nombreuses encore sont leurs conséquences sociales et politiques.

Est-ce à dire pour autant que ces textes n'ont aucune valeur et que, comme on le dit des promesses, ils n'engagent que ceux y croient ? Ou serait-ce qu’à l’instar des contes pour nos si naïfs enfants, ils nous adressent à travers un symbolisme fort des messages contenant des vérités immuables ? À suivre dans un prochain billet...

1. En 1600, le dominicain Giordano Bruno fut torturé et brûlé vif parce qu'il avait prétendu que la terre était ronde et tournait autour du soleil. En 1751, Buffon dut capituler sur son évaluation non catholique de l’âge de la Terre devant la faculté de théologie. Et il faudra attendre jusqu’en 1996 pour que l'Église déclare par la voix du pape Jean-Paul II que les théories de Darwin “ sont plus qu'une hypothèse”.

2. Sous prétexte de révélation divine, Dieu est rendu responsable de nombreuses iniquités : C’est par un décret divin, honteusement discriminatoire, que les textes védiques professent la division de la société indienne en 4 castes, distinguant entre élites aryennes et intouchables. C'est encore par une interprétation rigoriste des textes religieux que les extrémistes juifs justifient la judaïsation des terres palestiniennes. Et c'est toujours par la volonté divine que les hindous ne mangent pas de vache et les juifs et les musulmans pas de porc. Comme on le voit, le bon dieu a bon dos !