Des religions VI

Dessin de Large

Ceux et celles qui ont suivi mes billets sur le sujet¹ savent que j'ai —si j'ose m'exprimer ainsi— une "sainte horreur" des religions, toutes obédiences et chapelles confondues. Elles qui à l'origine étaient censé défendre la veuve et l'orphelin, ont eu tôt fait de se ranger du côté des puissants et de soumettre les peuples à leur domination. À cause de leur foncière intolérance et de leur détestation d'idéologies fraternitaires, elles ont cautionné de nombreuses dictatures un peu partout dans le monde. La religion catholique, à qui l'on doit la sacralité des rois et la monarchie de droit divin, a même été jusqu'à favoriser la fuite de criminels de guerre nazis en Amérique latine. Pieuses et ferventes réactionnaires, les religions sont les championnes de tous les combats d'arrière-garde, l'ennemi de toutes les libertés et tendent à soumettre les êtres et les consciences à leur conception mortifère de la vie. Au lieu d'être le lien qui unit le matériel et le spirituel, elles sont une chaîne qui attache l'homme à leurs dogmes, leurs traditions séculaires et leurs croyances sectaires et intransigeantes qu'elles imposent comme la seule vérité. 

Toutes autant qu'elles sont cultivent pourtant au plus haut point l'hypocrisie. Championnes des croyances à degrés variables et des interprétations spécieuses²,  elles ne jugent que d'après un monde fait d'apparences qu'il importe de  préserver à tout prix. Mieux vaut sauver les apparences que son âme, tel pourrait être le credo de ces tartuffes. Qu'importe ce que vous faites ! Du moment que vous trompez votre monde sans que ça se sache, vous êtes à tous égards un bon croyant.

Et chacun dans cette sainte farce, pasteur ou brebis, ne croit que ce qui lui convient et n'applique que les préceptes conformes à ses petits intérêts. Comme on l'a vu, la plupart des textes religieux ont fait l'objet d'un tri sélectif ou d'interprétations basées sur des préoccupations bien terrestres³. Et puis avec le temps, certains préceptes sont tombés en désuétude et n'ont plus été respectés. Il ne viendrait à l'esprit de personne aujourd'hui de lapider un bœuf qui aurait tué quelqu'un d'un coup de corne, comme il était prescrit dans Exode ( 21 : 28). Par contre, il est encore licite dans certains pays de lapider une femme coupable d'adultère, voire de blasphème. Comme quoi l'homme s'est humanisé et a su faire preuve de mansuétude envers les bœufs coupables. Mais pas envers sa semblable !

Qu'importe au fond si le Dieu des trois religions monothéistes a donné commandement à l'homme de ne pas tuer. Cela n'a jamais empêché des religieux de tout poil de bénir les fusils des va-t-en-guerre ou de promettre des récompenses célestes à ceux qui assassinent et se sacrifient au nom d'un Dieu qu'ils déclarent, haut et fort, être le plus grand. En agissant ainsi, ces fanatiques affirment surtout qu'ils sont sans conteste les plus glands. Il faut dire à leur décharge, que dans ces histoires à dormir debout que nous content les trois religions monothéistes, Dieu se contredit lui-même puisqu'il commande d'abord aux hommes de ne pas tuer, pour ordonner ensuite aux Israélites de conquérir Canaan et aux musulmans d'imposer l'islam par la force guerrière. Non content de les inciter à la violence, il prend part à leurs combats, comme les dieux de l'antiquité, en attribuant aux uns et aux autres victoires et défaites. Mais qui suis-je pour juger un dieu dont les desseins sont insondables !  Pourtant, puisque ce dieu omniscient transgresse lui-même ses propres commandements, l'homme aurait tort de ne pas le suivre dans ses incohérences. Voilà sans doute pourquoi des humains ont pu massacrer leurs frères par millions en arborant crânement sur la boucle de leur ceinturon l'inscription Gott mitt uns⁴ !

Cette duplicité religieuse se retrouve partout. Elle s'affirme chez tous ces croyants qui prétendent aimer Dieu et obéir à ses commandements mais qui font pourtant ce qui "est mal à ses yeux" en transgressant les interdits imposés par leur religion. Leurs croyances se doublent d'une duperie puisqu'ils s'arrangent avec leur conscience en ne respectant que ce qui leur convient. Comme s'ils pouvaient tromper un dieu qui, à ce qu'ils disent, est omniprésent, omnipotent et omniscient . Ainsi en va-t-il notamment de ces fidèles pratiquants qui commettent l'adultère ou qui boivent de l'alcool alors que c'est péché selon leur religion.

Le  seul culte qui vaille est selon moi celui de la Vie dans son immensité et son insondable mystère. Jésus n'affirmait-il pas : "En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût, je suis". (Jean 8:58) et Dieu ne répondait-il pas à Moïse : "Je suis celui qui suis". Et d'ajouter : "C'est ainsi que tu répondras aux enfants d'Israël: Celui qui s'appelle "je suis" m'a envoyé vers vous" (Exode 3:14). Tout être capable de dire en conscience "Je suis" peut donc se prétendre la créature de Dieu et même son fils ou sa fille unique. La vie dont je jouis est en tout cas ma seule religion et ma seule raison d'adoration. Comme tout homme et toute femme, j'en suis le temple vivant, et l'amour et l'humour sont les deux piliers de ce temple. Malheureusement, l'homme se prend bien trop au sérieux et cultive l'art de tout compliquer. Que la vie pourrait être différente si nous la respections et l'aimions d'une foi à toute épreuve et d'un amour inconditionnel. Dieu sait qu'il reste encore énormément à accomplir pour qu'il en soit ainsi !

1. Voir ci-dessous les 5 fils Sur le même sujet.

2. Voir ci-dessous le billet du 18 avril.

3. Voir ci-dessous le billet du 5 octobre 2020.

4. Dieu est avec nous

Sur le même sujet :

Fil du 29 janvier 2020 Pour l'humour de dieu

Fil du 7 février 2020 Nous naissons tous athée

Fil du 18 avril 2020 Près de 10 000 religions convaincues de leur vérité

Fil du 20 juin 2020 Les religions : des contes à dormir debout

Fil du 5 octobre 2020 Au nom de la mère et de la fille

Hypocrisie

Cette dualité de l'homme tient au fait qu'il se voit et se vit comme un corps au lieu d'atteindre l'unité en se vivant par l'esprit seul. Car c'est bien l'esprit qui crée le corps et il n'y a en fait que l'esprit. Pour atteindre ce stade de la conscience où l'homme est libéré de son carcan charnel, il doit réaliser l'unité du corps et de l'âme, de l'homme et de Dieu, l'âme étant à la fois le principe de la pensée et de la volonté. Comme disait déjà en son temps Socrate :  "saches ce que tu vaux homme et sois ton propre dieu".

La vérité est une et unique car elle est propre à chacun. Chacun est sa propre vérité, sa propre expérience, Chacun a sa vérité, il ne peut y avoir une vérité objective valable pour tous.

Mediapart : Aucun être humain ne peut témoigner factuellement de l'existence d'un au-delà. Pourtant cette absence de preuves formelles, loin de décourager le croyant, ne l'empêche pas de croire à un monde magique et inaccessible, sans rites ou ascèses. Un mystère pour les athées et agnostiques.

Régis Debré : J'y crois pour en être, pour épouser une communauté. Ma croyance me donne une appartenance.

Valéry ; Ce qu'on croit n'est jamais vrai.

Cette semaine, la police polonaise a inculpé trois personnes pour profanation de statues et atteinte à des sentiments religieux après que des militants ont drapé plusieurs monuments de Varsovie, dont l’un de Jésus-Christ, avec des drapeaux LGBT

1. Des religions III

Sur la place de l'homme dans l'univers : https://www.lemonde.fr/passeurdesciences/article/2017/05/31/l-histoire-de-l-univers-condensee-en-un-an_6001909_5470970.html